Images du monde flottant (Japon)

Avant de rejoindre le Japon j'ai bien regardé le merveilleux travail de Hiroshige (notamment "les 53 stations du Tokaido"). Il s'agissait de s'en imprégner avant de photographier le Japon d'aujourd'hui. Pendant ce séjour (Tokyo, Nara, Kyoto, péninsule de Kii) c'est en pensant à l'ukiyo-e, genre artistique majeur de la culture japonaise, que je vais essayer de photographier.

Ukiyo-e (浮世絵, Ukiyo-e) est un terme japonais signifiant « image du monde flottant », utilisé durant la période d'Edo (1603>1668) pour désigner un nouveau genre de peinture, comprenant surtout les estampes japonaises gravées sur bois.

Le monde flottant :
Ukiyo (浮世, Ukiyo « Monde flottant »), dans son sens ancien, est chargé de notions bouddhiques mettant l'accent sur la réalité d'un monde où la seule chose certaine est l'impermanence de toutes choses. Ce terme est une allusion ironique au terme homophone « Monde souffrant » (憂き世, ukiyo), qui parle du cycle terrestre de mort et de renaissance duquel les boudhistes cherchent à s’échapper.
C'est ce mot, initialement empreint de résignation, que les habitants d'Edo et avec eux, ceux d'Osaka et de Kyoto, reprennent au 17ème siècle, en le détournant de son sens, alors que leur ville connaît une remarquable expansion, due à son statut nouveau de capitale, ainsi qu'à la paix qui règne désormais.
Le terme ukiyo apparaît pour la première fois dans son sens actuel dans Les Contes du monde flottant, œuvre de Asai Ryoi, paru vers 1665, où il écrit :
« Vivre uniquement le moment présent, se livrer tout entier à la contemplation de la lune, de la neige, de la fleur de cerisier et de la feuille d'érable... ne pas se laisser abattre par la pauvreté et ne pas la laisser transparaître sur son visage, mais dériver comme une calebasse sur la rivière, c'est ce qui s'appelle ukiyo.»
De son côté, Hayashi, l'interprète japonais de l'Exposition Universelle de 1878, confirme à Edmond de Goncourt, que notre traduction de ukiyo-e par « l'école du monde vivant » ou de « la vie telle qu'elle se passe sous nos yeux », rend exactement le sens.
« Image de ce monde éphémère » est une transposition pertinente qui figure dans certains ouvrages français sur le sujet.